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Amis

 

Je ne peux parler d'une vie passé à l'opéra sans parler aussi des personnes qui ont été formidable avec moi. Tout d'abord Raymond Deschamps, mon professeur, sans qui je n'aurais put faire une telle carrière, tant pour ses conseils, et aussi à l'orchestre pour mon éducation musicale. Jean Marc Dalmasso, malgré quelques divergences, restera mon ami car, hormis son talent de corniste, c'est un homme de parole, et dans ce milieu où la plus part n'ont pas de mémoire, ce sera merveilleux. La première fois où je lui ai fait confiance ce fut pour mon 1er voyage en Thailande avec mon copain Désestres Gérald. Nous sommes partis le soir de Noël pour trois mois et demi, en fait, nous avions un billet open. Jean Marc m'avait dit pars mon petit t'inquiète donc pas tout se passera bien. Et j'avoue que être sur une plage de Phuket alors que la tosca se jouait à l'opéra c'était agréable, ce qui l'est moins c'est de penser que, si un de mes collègues avait eu un accident, j'étais injoignable ! Avec un autre cor solo je n'aurais pas pris le risque bien évidemment. La reprise avec Don juan à ses cotés fut laborieuse jusqu'à la générale.

Pour les jeunes qui profitent de certain acquis, aujourd'hui il est important de rendre hommage à ceux qui les ont crée. C était pour la cénérentola, le chef italo américain Joseph Rescigno de Chicago avait demandé aux violons si il y avait un musicien qui faisait de la salle. Je lui proposait de venir s'entrainer dans la salle de mon copain Michel. Il avait le coté courreur des italiens qui me plaisait, et en plus, il pêchait à la mouche. A la pause de la première lecture, nous décidions d'aller le voir pour le passage de la fin assez aigu, lui proposant de jouer les cors à cet effet, moyennant 75 pour cent. Avec son accord nous lui avons demandé d'en parler à la direction. Ce fut chose faite, et tout le monde en a bien profité pendant des années. Ce qui m'a le plus touché chez Jean Marc c'est qu'il est toujours là dans les moments difficiles de la vie. Je venais de perdre ma chère maman, mais je devais jouer la messe de Schubert à Menton et malgré le chagrin, pas question de se faire remplacer. Tout seul avec ma peine chez moi, Jean Marc me téléphona et me demanda de venir passer la journée chez lui à Saint Cyr et de partir ensemble à Menton. Jouer une messe quand on vient de perdre quelqu'un de sa famille n'est pas une chose facile. J'ai du puiser dans mes ressources pour ne pas craquer. Merci encore jean marc.
 

Le décès de R.Deschamps fut une surprise. Avec Nicod nous étions descendus à la Rochelle lui souhaiter ses 80 ans. J'avais retenu au restaurant, les deux tours, et après lui avoir offert trois babioles nous sommes revenu chez lui, sa deuxième femme n'ayant pas dénié l'accompagner. Huit mois plus tard il mourait à l'hôpital de la Rochelle. Sa femme, après m'avoir prévenu de son état critique, refusa de me le passer au téléphone prétextant qu'il était très méchant. Mais en fait, elle avait peur qu'il me fasse des révélations embarrassantes. Je pense qu'il avait du se rendre contre de certaines choses mais il les aura emmené avec lui dans sa tombe. Pour l'enterrement mes amis avaient un concert à Montpellier. Et une fois encore, Jean Marc sera au rendez-vous avec son second du pupitre de Bordeaux. Joel passait me chercher et nous sommes descendus a la Rochelle. La maison de sa femme était situé à 25 mètres de l'église, mais nous n'avons pas été invité à nous changer dans sa demeure et avons du le faire sur la place de l'église. Pendant la cérémonie, le fils et la mère affichait une sérénité effrayante dépourvu de tout chagrin, ce qui me laissait penser que ce brave monsieur Deschamps s'était fait avoir par cette femme, rencontrer par annonce sur le chasseur français et qui venait de s'approprier sa fortune et celle de sa première femme, violoncelliste à l'orchestre de Lyon. Avec Joel Nicod nous repartions sur Marseille, sans avoir été invité à boire un verre, avec beaucoup d'amertume et de colère car sept personnes assistait à ses obsèques alors que pendant 45 ans il avait formé tant de jeunes musiciens dans toute la France.
 

 

A l époque de monsieur Gulli, chef de musique de la légion, et ensuite avec monsieur Coudié, des professeurs furent invités à donner des cours une fois par semaine. Ce fut monsieur Deschamps qui fut demandé. Il est vrai que sur la fin de mon engagement à la légion, je leur avais créer quelques soucis et que par conséquent, ils ne m'avaient pas choisi pour ce poste. Pourtant je venais d'avoir mon CA de professeur. Comme ancien de la musique, je pensais pouvoir apporter mon savoir. Au départ de monsieur Deschamps, ce fut Serge Vernet cor solo à Toulon qui le remplaça, car des anciens de la musique de la marine de Toulon se trouvaient déjà parmi les professeurs. A l'arrivée de monsieur Besse je fut contacté par le lieutenant Marc, qui avait été renseigné par JM Rigoli, professeur de trompette et soliste à l'opéra, qu'un corniste de l'opéra était un ancien légionnaire. Après un rapide entretien, je fus enfin engagé, monsieur Besse nommé à la flotte de Toulon quelques mois plus tard et monsieur Sury le remplaça à la mple. Pendant une dizaine d'année ce fut un plaisir de pouvoir conseiller mes élèves. Le cas Andrici qui voulait partir avec sept ans de service et qui renonça sur mes conseils m'en sera gré. A mon départ de l'opéra, c'est lui qui héritera de mon cor et de toute ma musique. Le second fut un ukrainien du nom de Kourda qui était chef de musique dans son pays. Lors d'une discussion pendant les cours, je lui conseillais de passer l'examen de chef de musique, mais après être naturalisé, tout en conseillant monsieur Sury de l' envoyer au peloton sous-officier ce qui se passa quelque mois plus tard. A mon départ de la mple, il était devenu officier et affecté à la musique régionale de Lyon. Le troisième fut un dénommé Parachevin, jeune russe instruit parlant plusieurs langues et très doué pour le cor, qui se plaisait pas trop dans ce climat légion. Malgré mes efforts pour le faire passer caporal, il ne rengagea pas, mais il rentra dans les douanes en Savoie.
 

Je ne peux oublier un certain Krassowsky ancien parachutiste polonais, charmant garçon, qui débuta le cor avec moi, qui avait d'énormes possibilités et avec qui je passais des moments délicieux. Hélas, il déserta au Canada. Ce fut la période où avec l'arrivée de l'adjudant Dantin, qui venait de la régulière, je montais le concerto pour quatre cors de Heinrich Hubler qui fut donné au cinéma comédia d'Aubagne pour le concert annuel. En représentation à l'opéra, je ne pus assister au concert qui se déroula plutôt bien pour une première fois en soliste avec un concerto très technique. De mémoire jamais un concerto pour quatre cors ne fut jamais donné à la musique de la légion et j'aurais aimé qu'il fut joué plusieurs fois. Mais hélas, ce ne fut pas le cas.
 

 

Le départ de Parachevin et l'arrivée d"un jeune russe d'un niveau inférieur changea le pupitre. Avec l'affectation de l'adjudant Dantin qui faisait le quatrième cor, au bureau des  professeurs de la mple ce  fut le début de la fin. Cet adjudant qui venait de divorcer était pressé de me remplacer par sa jeune maitresse qui jouait du cor à la musique de la flotte de Toulon. Sans me faire pars de ses intentions, il me demandait quand est-ce que je partais à la retraite. Nous étions en juin. A la fin des cours, je répondais pouvoir partir en fin d'année. Après les vacances, un jour avant la reprise des cours, je recevais un appel téléphonique de l'adjudant Dantin  me demandant de ne plus venir assurer mes cours, sans aucune explications, formulant que s'était le souhait du nouveau chef de musique Leberrurier. Le lendemain, sa jeune maitresse me remplaçait pour les cours. Je n'avais pas été habitué à ce genre de magouille à la légion et je décidais d'écrire au général Dary, inspecteur de la légion étrangère, expliquant ma situation que je trouvais scandaleuse. Il me répondit personnellement qu'un  départ officiel serait organisé, mais rien a été fait. De toute manière, je  n'y serais pas allé. Je garderais pendant longtemps beaucoup d'amertume pour ce départ précipité et injustifié. Quelques mois plus tard je prenais ma retraite après 38 années de bons et loyaux services et me consacrais à ma nouvelle passion : la peinture. J'avais été sélectionné par le caporal chef  espagnol Marques pour copier des assiettes pour la kermesse de camerone en 1967.